Thursday 9 October 2014

En route Simone!

Ça y est, me voilà enfin motorisée !  A moi les chemins et sentiers forestiers, les visites spontanées chez mes amis, les petites sorties pour observer  le dernier vrai berger du village, parlant à ses chiens de troupeaux et ses brebis à lunettes noires, les sorties champignons en forêt, les allers retours dans mon jardin sans m’étaler d’épuisement dans les dures pentes du Causse et en évitant toutes ces chutes accidentelles mais quotidiennes dues au manque de communication entre cerveau et jambes et dues à la spasticité de mes muscles…bref, toutes ses raisons pour lesquelles nous avions décidé de quitter la ville pour une vie plus riche dans la campagne profonde. Le seul élément manquant (à part une maison habitable à la place d’un grand chantier effrayant) à ma vie parfaite était mon autonomie.

 En effet, je ne suis plus habilitée à conduire, chose qui ne me manque pas car je préfère passer mon temps en pleine nature et ai pris en horreur d’aller en ville faire des courses.  Mes amis viennent me chercher quand ils peuvent pour passer de bons moments chez eux et Emma fait tout son possible pour me véhiculer quand son emploi du temps le lui permet.  Notre temps libre nous le passons ensemble et il est vrai qu’Emma aimerait certainement de temps à autres qu’on la conduise.  Comme elle le dit, elle a parfois l’impression de figurer dans « Driving Miss Daisy ».

Cette nouvelle indépendance me soulage autant qu’elle car Emma a le complexe de l’aidant et le sentiment de culpabilité qui va avec, car elle a toujours peur que je m’ennuie, seule coincée à la maison.  Maintenant, je peux tracer les cheveux dans le vent !






Ma quête de l’engin idéal et approprié à mes besoins actuels et futurs m’a amenée à essayer de nombreux modèles, tous comparés au Tramper, un scooter britannique pour personne à mobilité réduite, prêté généreusement par Chris Goddard pendant près d’un an.  Celui-ci était tellement performant qu’il m’a servi de base de référence.  Malheureusement, il n’est pas commercialisé en France et il aurait donc fallu l’importer avec tous les problèmes de maintenance et réparation qui en découlent.
Je suis donc partie à la recherche de ma monture avec l’aide et la connaissance technique de mon ami Will.  Sur ma liste, mes critères étaient bien déterminés :
·         Scooter
·         Tous terrains ou tous chemins
·         Ergonomiques
·         Ne dépassant pas les  5000 euros
J’ai vite eu à rayer de ma liste le dernier critère puisque le deuxième critère essentiel à ma vie sur le Causse brûlait tout de suite mon seuil financier.

Brise 4 S
Mon premier choix s’est arrêté sur le Brise 4 S Mobility Scooter  vendu par Evol Mobilités.  Je suis allée l’essayer à Toulouse accompagnée de Will.  Ce premier essai m’a beaucoup plu, bonne prise en main, impression de grande sécurité, chassis assez haut pour parcourir des chemins accidentés, bonne autonomie avec batteries rechargeables.  Un bon début mais le seul inconvénient était que je ne le testais pas sur mon terrain difficile du Causse pour voir s’il pouvait grimper une très forte pente en forêt qui est ensuite devenue le test de référence pour tous les autres engins essayés.  Il était aussi difficile de le faire rentrer dans notre Berlingo pour le transporter.

Aviator
Les suivants sont venus à moi !  Mobilité Dynamique est venu me faire essayer deux de ses modèles classés de luxe puisqu’un peu plus tous chemins selon leur publicité.  J’ai donc testé le Vita et l’Aviator .  Ces deux modèles sont très impressionnants de part leur aisance d’utilisation, leur performance sur route et chemin en bon état mais ni l’un ni l’autre a pu gravir ma pente de référence. De plus, tous les deux vibraient énormément et donnaient une sensation de manque d’équilibre et donc m’ont assez rapidement  fait questionner leur sécurité sur des parcours un peu accidentés.  Par compte, ils étaient beaucoup plus maniables pour rentrer dans la voiture pour le transport.

Vita

En fait, je me suis vite rendue compte que ma comparaison avec le Tramper qui était vraiment tous terrains ne pourrait que rendre mon choix difficile.  Je commençais donc à surfer régulièrement ebay et les sites du même genre que le Bon Coin en Grande Bretagne pour voir si je pourrais en trouver un pas trop cher et l’importer….mais le temps passait et toujours rien.  







Et puis un jour en effectuant d’autres recherches sur internet, je suis tombée sur un modèle scandinave Mini crosser M1

Mini Crosser M1
  Là, j’ai vraiment cru avoir trouvé le parfait compagnon !  Il m’a fallu un peu de temps pour trouver son importateur en France Icare et puis leur revendeur dans la Région Midi Pyrénées Sarlat Médical (05 53 22 99 54) /Bergerac Médical (05 53 22 99 54 )  Je me suis mise en contacte avec leur merveilleux technicien en matérial médical Pascal Caseris. Il est venu sur place me faire essayer le Mini Crosser M1 et j’ai été emballée de suite.  Lui, a pu grimper ma pente de référence et dans la boue en plus de ça.  Aucune comparaison avec les autres modèles et vraiment comparable au Tramper. J’avais enfin trouvé chaussure à mon pied.  C’est après un bon moment de discussion sur mes besoins, ma maladie et le handicap grandissant que Pascal Caseris me dit : « Avez-vous pensé à une chaise roulante électrique ? Dans le choix qui existe, vous trouverez des vraies TT et vous pourrez transporter une chaise plus facilement dans une voiture pour aller en ville, faire les magasins, aller en vacances… »

Là, il faut que j’admette mon préjudice.  Je ne me sentais pas « assez » handicapée pour penser à une chaise roulante électrique.  Il avait fallu déjà des heures avec une ergothérapeute pour me faire avaler la chaise manuelle, alors là, j’ai évidemment refusé de manière catégorique.
C’est là que je me rends compte du professionnalisme de Pascal et de sa douce mais ferme abilité de persuasion.  Il me dit : « Muriel, je ne te vends pas le Mini Crosser avant que tu aies essayé une chaise roulante électrique Tous Terrains.  Si une fois que tu l’as essayée, tu veux retourner au Mini Crosser, pas de problème. »

Pendant les deux semaines qui me séparent de l’essai de la chaise roulante électrique, je crie haut et fort que je ne m’en servirai pas, que je ne suis pas si handicapée que ça….même si autour de moi, tout le monde me souffle gentiment que la chaise n’est qu’un moyen de transport, pas un badge, que j’y serais mieux assise, que je pourrais m’en servir plus longtemps dans la progression de mon handicap…etc.  Je les entends tous, Emma, la kiné, le docteur, le neurologue, l’ergothérapeute…mais moi je boude.
Magic Extreme X8
Cinq minutes avant que Pascal Caseris arrive avec la chaise roulante électrique, je continue à tambouriner aux oreilles d’Emma : “ je ne l’essaierai même pas ! ” et puis le charme et la perspicacité de Pascal font le restent et me voilà aux commandes du Magic Extreme X8.  Will est plus excité que moi car il avait fait sa recherche sur le X8 et les vidéos sur Youtube l’avaient persuadé.
 
Je me sens un peu idiote, quand même, car en effet le X8 peut tout faire d’un mouvement de joystick.  A part ses 4 roues motrices, il est compact et tient donc dans notre voiture sans problème. Je ne peux même pas contenir mon sourire et Will et Emma sont aux anges.  En discutant un peu plus avec Pascal, nous en venons au prix et là, belle claque, on approche les 20 000€.

Par contre, il m’explique qu’il existe un modèle en dessous dans la même gamme, le Frontier V6.  

Frontier V6
Quand Pascal nous l’amène à essayer, tout de suite nous sommes sûres d’avoir trouvé le modèle idéal puisqu’il est toujours capable de passer dans les chemins très accidentés mais peut aussi entrer dans les magasins sans que les vendeurs fassent une syncope en voyant la scène se dérouler comme un éléphant entrant dans un magasin de porcelaine fine !
Pascal nous annonce une bonne nouvelle en nous expliquant que la sécurité sociale peut en payer un bout, la MDPH aussi en faisant une demande de PCH pour équipement et une commission spéciale peut se réunir pour décider de financer aussi une partie.  Tout n’est pas pris en charge mais c’est alors abordable par rapport à un scooter qui lui ne serait pas financé.  Il faut juste passer une visite avec une ergothérapeute de la MDPH et je remercie ici Mme Pachot de la MDPH du Lot  et une autre avec une ergothérapeute de la sécurité sociale qui elle, pourra faire une ordonnance, une fois qu’elle aura pu vérifier que mes besoins nécessitent ce genre d’équipement et que l’équipement répond bien à mes besoins d’aujourd’hui comme ceux de demain par rapport à la progression de ma maladie.

Après deux longs mois d’attente entre les décisions et la commande de mon engin, Pascal m’amène mon V6 flambant rouge qui va tout de suite changer ma qualité de vie.  Moment très émouvant, autant pour lui que pour nous, je retrouve enfin mon indépendance !  

Nous lui devons beaucoup car c’est lui qui a su me guider et me conseiller au mieux.  Pascal n’est pas un commercial comme les autres. Il connait très bien les différents besoins de ses clients, il sait comment contourner les peurs et préjudices possibles et faire tomber toutes ces barrières que l’on se met en face de soi pour ne pas accepter la réalité.
C’est donc autant une chaise roulante que son commercial que je vous conseille !

Depuis, je reprends goût à aller et venir dans notre si joli village et la nature environnante.  Emma et moi sommes allées nous promener ensemble pour la première fois depuis presque plus d’un an, sans obstacle insurmontable et la frustration d’avoir constamment devant nous des lieux inaccessibles gâchant chaque fois le plaisir de découvrir des endroits ensemble. 

Vive le Frontier V6, vive ma liberté retrouvée !

 


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