Ça y est, me voilà enfin motorisée ! A moi les chemins et sentiers forestiers, les
visites spontanées chez mes amis, les petites sorties pour observer le dernier vrai berger du village, parlant à
ses chiens de troupeaux et ses brebis à lunettes noires, les sorties
champignons en forêt, les allers retours dans mon jardin sans m’étaler d’épuisement
dans les dures pentes du Causse et en évitant toutes ces chutes accidentelles
mais quotidiennes dues au manque de communication entre cerveau et jambes et dues
à la spasticité de mes muscles…bref, toutes ses raisons pour lesquelles nous
avions décidé de quitter la ville pour une vie plus riche dans la campagne
profonde. Le seul élément manquant (à part une maison habitable à la place d’un
grand chantier effrayant) à ma vie parfaite était mon autonomie.
En effet, je ne suis
plus habilitée à conduire, chose qui ne me manque pas car je préfère passer mon
temps en pleine nature et ai pris en horreur d’aller en ville faire des
courses. Mes amis viennent me chercher
quand ils peuvent pour passer de bons moments chez eux et Emma fait tout son
possible pour me véhiculer quand son emploi du temps le lui permet. Notre temps libre nous le passons ensemble et
il est vrai qu’Emma aimerait certainement de temps à autres qu’on la
conduise. Comme elle le dit, elle a
parfois l’impression de figurer dans « Driving Miss Daisy ».
Cette nouvelle indépendance me soulage autant qu’elle car Emma
a le complexe de l’aidant et le sentiment de culpabilité qui va avec, car elle a
toujours peur que je m’ennuie, seule coincée à la maison. Maintenant, je peux tracer les cheveux dans
le vent !
Ma quête de l’engin idéal et approprié à mes besoins actuels
et futurs m’a amenée à essayer de nombreux modèles, tous comparés au Tramper, un scooter britannique pour
personne à mobilité réduite, prêté généreusement par Chris Goddard pendant près
d’un an. Celui-ci était tellement
performant qu’il m’a servi de base de référence. Malheureusement, il n’est pas commercialisé
en France et il aurait donc fallu l’importer avec tous les problèmes de
maintenance et réparation qui en découlent.
Je suis donc partie à la recherche
de ma monture avec l’aide et la connaissance technique de mon ami Will. Sur ma liste, mes critères étaient bien
déterminés :
·
Scooter
·
Tous terrains ou tous chemins
·
Ergonomiques
·
Ne dépassant pas les 5000 euros
J’ai vite eu à rayer de ma liste
le dernier critère puisque le deuxième critère essentiel à ma vie sur le Causse
brûlait tout de suite mon seuil financier.
Brise 4 S |
Mon premier choix s’est arrêté sur
le
Brise 4 S Mobility Scooter vendu par
Evol Mobilités. Je suis allée l’essayer
à Toulouse accompagnée de Will. Ce
premier essai m’a beaucoup plu, bonne prise en main, impression de grande
sécurité, chassis assez haut pour parcourir des chemins accidentés, bonne
autonomie avec batteries rechargeables. Un
bon début mais le seul inconvénient était que je ne le testais pas sur mon
terrain difficile du Causse pour voir s’il pouvait grimper une très forte pente
en forêt qui est ensuite devenue le test de référence pour tous les autres
engins essayés. Il était aussi difficile
de le faire rentrer dans notre Berlingo pour le transporter.
Aviator |
Les suivants sont venus à moi ! Mobilité
Dynamique est venu me faire essayer deux de ses modèles classés de luxe
puisqu’un peu plus tous chemins selon leur publicité. J’ai donc testé le Vita
et l’Aviator
. Ces deux modèles sont très
impressionnants de part leur aisance d’utilisation, leur performance sur route
et chemin en bon état mais ni l’un ni l’autre a pu gravir ma pente de
référence. De plus, tous les deux vibraient énormément et donnaient une
sensation de manque d’équilibre et donc m’ont assez rapidement fait questionner leur sécurité sur des
parcours un peu accidentés. Par compte,
ils étaient beaucoup plus maniables pour rentrer dans la voiture pour le
transport.
Vita |
En fait, je me suis vite rendue
compte que ma comparaison avec le Tramper qui était vraiment tous terrains ne
pourrait que rendre mon choix difficile.
Je commençais donc à surfer régulièrement ebay et les sites du même
genre que le Bon Coin en Grande Bretagne pour voir si je pourrais en trouver un
pas trop cher et l’importer….mais le temps passait et toujours rien.
Et puis un jour en effectuant d’autres
recherches sur internet, je suis tombée sur un modèle scandinave Mini
crosser M1.
Mini Crosser M1 |
Là, j’ai vraiment cru
avoir trouvé le parfait compagnon !
Il m’a fallu un peu de temps pour trouver son importateur en France Icare et puis leur revendeur
dans la Région Midi Pyrénées Sarlat Médical (05 53 22 99 54) /Bergerac Médical (05 53 22 99 54 ) Je me suis mise en contacte avec leur merveilleux
technicien en matérial médical Pascal Caseris. Il est venu sur place me faire essayer le
Mini Crosser M1 et j’ai été emballée de suite.
Lui, a pu grimper ma pente de référence et dans la boue en plus de
ça. Aucune comparaison avec les autres
modèles et vraiment comparable au Tramper. J’avais enfin trouvé chaussure à mon pied. C’est après un bon moment de discussion sur
mes besoins, ma maladie et le handicap grandissant que Pascal Caseris me dit :
« Avez-vous pensé à une chaise roulante électrique ? Dans le choix
qui existe, vous trouverez des vraies TT et vous pourrez transporter une chaise
plus facilement dans une voiture pour aller en ville, faire les magasins, aller
en vacances… »
Là, il faut que j’admette mon préjudice. Je ne me sentais pas « assez » handicapée pour penser à une chaise roulante électrique. Il avait fallu déjà des heures avec une ergothérapeute pour me faire avaler la chaise manuelle, alors là, j’ai évidemment refusé de manière catégorique.
Là, il faut que j’admette mon préjudice. Je ne me sentais pas « assez » handicapée pour penser à une chaise roulante électrique. Il avait fallu déjà des heures avec une ergothérapeute pour me faire avaler la chaise manuelle, alors là, j’ai évidemment refusé de manière catégorique.
C’est là que je me rends compte du
professionnalisme de Pascal et de sa douce mais ferme abilité de persuasion. Il me dit : « Muriel, je ne te
vends pas le Mini Crosser avant que tu aies essayé une chaise roulante
électrique Tous Terrains. Si une fois
que tu l’as essayée, tu veux retourner au Mini Crosser, pas de problème. »
Pendant les deux semaines qui me
séparent de l’essai de la chaise roulante électrique, je crie haut et fort que
je ne m’en servirai pas, que je ne suis pas si handicapée que ça….même si
autour de moi, tout le monde me souffle gentiment que la chaise n’est qu’un
moyen de transport, pas un badge, que j’y serais mieux assise, que je pourrais
m’en servir plus longtemps dans la progression de mon handicap…etc. Je les entends tous, Emma, la kiné, le
docteur, le neurologue, l’ergothérapeute…mais moi je boude.
Magic Extreme X8 |
Cinq minutes avant que Pascal
Caseris arrive avec la chaise roulante électrique, je continue à tambouriner
aux oreilles d’Emma : “ je ne l’essaierai même pas ! ”
et puis le charme et la perspicacité de Pascal font le restent et me voilà aux
commandes du Magic
Extreme X8. Will est plus excité que
moi car il avait fait sa recherche sur le X8 et les vidéos sur Youtube l’avaient
persuadé.
Je me sens un peu idiote, quand
même, car en effet le X8 peut tout faire d’un mouvement de joystick. A part ses 4 roues motrices, il est compact
et tient donc dans notre voiture sans problème. Je ne peux même pas contenir mon
sourire et Will et Emma sont aux anges.
En discutant un peu plus avec Pascal, nous en venons au prix et là,
belle claque, on approche les 20 000€.
Par contre, il m’explique qu’il existe un modèle en dessous dans la même gamme, le Frontier V6.
Par contre, il m’explique qu’il existe un modèle en dessous dans la même gamme, le Frontier V6.
Frontier V6 |
Quand Pascal nous l’amène à
essayer, tout de suite nous sommes sûres d’avoir trouvé le modèle idéal puisqu’il
est toujours capable de passer dans les chemins très accidentés mais peut aussi
entrer dans les magasins sans que les vendeurs fassent une syncope en voyant la
scène se dérouler comme un éléphant entrant dans un magasin de porcelaine fine !
Pascal nous annonce une bonne
nouvelle en nous expliquant que la sécurité sociale peut en payer un bout, la
MDPH aussi en faisant une demande de PCH pour équipement et une commission
spéciale peut se réunir pour décider de financer aussi une partie. Tout n’est pas pris en charge mais c’est
alors abordable par rapport à un scooter qui lui ne serait pas financé. Il faut juste passer une visite avec une ergothérapeute
de la MDPH et je remercie ici Mme Pachot de la MDPH du Lot et une autre avec une ergothérapeute de la sécurité sociale qui elle,
pourra faire une ordonnance, une fois qu’elle aura pu vérifier que mes besoins
nécessitent ce genre d’équipement et que l’équipement répond bien à mes besoins
d’aujourd’hui comme ceux de demain par rapport à la progression de ma maladie.
Après deux longs mois d’attente entre
les décisions et la commande de mon engin, Pascal m’amène mon V6 flambant rouge
qui va tout de suite changer ma qualité de vie.
Moment très émouvant, autant pour lui que pour nous, je retrouve enfin
mon indépendance !
Nous lui devons
beaucoup car c’est lui qui a su me guider et me conseiller au mieux. Pascal n’est pas un commercial comme les
autres. Il connait très bien les différents besoins de ses clients, il sait
comment contourner les peurs et préjudices possibles et faire tomber toutes ces
barrières que l’on se met en face de soi pour ne pas accepter la réalité.
C’est donc autant une chaise
roulante que son commercial que je vous conseille !
Depuis, je reprends goût à aller
et venir dans notre si joli village et la nature environnante. Emma et moi sommes allées nous promener
ensemble pour la première fois depuis presque plus d’un an, sans obstacle insurmontable
et la frustration d’avoir constamment devant nous des lieux inaccessibles
gâchant chaque fois le plaisir de découvrir des endroits ensemble.
Vive le Frontier V6, vive ma liberté retrouvée !